# Qu’est-ce que la Pierre Philosophale ? D’après
# Qu’est-ce que la Pierre Philosophale
?
D’après les alchimistes on attribuait le nom de
pierre philosophale à l’Art d’accomplir la suite entière
des opérations (du Grand Œuvre qu’on détaillera par
la suite.) C’est la matérialisation de l’Esprit, de la perfection
des efforts du philosophe.
La puissance de la pierre philosophale justifierait son attribution au signe
du Soleil. D’après la tradition, la possession de la Pierre
Philosophale élevait le simple initié au rang d’Adepte.
Ce dernier ( l’Adepte ), après avoir enfin obtenu la Pierre, pouvait
brûler les livres ! L’inconnu est connu, l’introuvable
est trouvé, il ne demeurait plus rien qu’il pût apprendre
ou désirer. L’acquisition du don de Dieu promettait de lui conférer
la richesse, la santé éternelle et la connaissance réelle. # La transmutation des métaux,
le remède universel, Fabriquer l’or n’était pas l’unique
but des alchimistes. A quelles applications les Maîtres proposaient-ils d’employer
la Pierre ? Suivant les préparations adéquates, elle pouvait
réagir sur les hommes, sur les animaux, et sur les végétaux
aussi bien que sur les métaux car des éléments d’origine
minérale, métallique et spirituelle intervenaient dans sa fabrication.
Il suffisait donc d’orienter sa puissance en direction du règne
dans lequel on avait résolu d’opérer une transmutation.
Réaction sur les métaux : A l’état solide, lorsque
la Pierre avait fermenté en direct avec l’or et l’argent
les plus purs, c’était la Poudre de projection ; une masse
translucide pulvérisable, rouge ou blanche selon le métal utilisé
qui servait exclusivement à la transmutation des métaux. Cette
poudre, projetée dans le creuset sur un métal vil, avait en effet
la propriété d’en altérer l’essence et d’effectuer
sa transmutation.
Susceptible d’une multiplication infinie, elle changeait aussi de forme
et, au lieu de retourner à l’état cristallin, une fois refroidie,
elle restait fluide éternellement, d’elle-même luminescente
– source de lumière, et source de l’illumination de l’alchimiste.
Mais ces promesses appartenaient à la dernière phase du travail :
Auparavant, il avait fallu un long chemin expérimental et le recours
à des nombreux procédés secrets difficiles à réaliser.
C’est l’ensemble des efforts immenses que la tâche réclamait
de l’alchimiste qui reçu le nom du Grand Œuvre. Le Grand-Oeuvre: Les Deux Voies : C’est le modus operandi qu’empruntèrent
Nicolas Flamel et Eugénée Philatère, aussi bien qu’un
grand nombre de maîtres. Le laboratoire : La religiosité, la nature sacrée de l’alchimie
ne pouvait certainement être contenues dans une pièce. L’alchimiste
ne recherchait pas la foie, il en était empreint. L’alchimie s’est voilée de mystère,
mais seulement par contrainte. Sa règle était la simplicité :
L’effort qui purifiait l’animus de l’alchimiste se voulait
l’art d’adjoindre strictement le nécessaire. Entouré seulement des objets qui lui sont nécessaires
pour opérer, l’alchimiste nous fait découvrir, à
notre surprise, le même bagage d’ustensiles que celui qu’on
aurait trouvé, des siècles plus tôt, dans un temple d’Alexandrie.
Un poêle aux parois bien rembourrées pour fondre et calciner, des
tenailles, un soufflet, plusieurs creusets en terre réfractaire et des
cuillères à manches longues ; voilà l’essentiel.
Lorsqu’il s’agit d’examiner dans le détail,l’enchaînement
des opérations Quelle est la matière que les alchimistes avaient choisi
pour point de départ ? Le moment fixé pour engager les travaux était
crucial. Les descriptions d’Albert Le Grand indiquent 5 passages :
L’ensemble était régi par 4 types d’opérations :
Dans ces nombreux écrits, la littérature alchimique
a entretenu le mystère sur le nombre des opérations dont devait
consister chacune des 3 phases. Pour certains, selon le parallèle avec les cycles des
jours et des mois, les opérations variaient de 7 à 12.
Dans ce contexte, PHILALETHE a expliqué plus concrétement les
phases de l’établissement du Grand Œuvre. Les alchimistes se basent essentiellement sur les nombres et
leurs primordiales explications pour pouvoir manipuler les objets du laboratoire
et ainsi pour accomplir les étapes du Grand Œuvre.
L’unité (le nombre 1):
{ La Pierre De Feu ( ou Pierre du Soleil
) }
Qu’est-ce que la Pierre de feu ? Si, pour le moine bénédictin, la Pierre de feu
ne correspond pas à la Pierre Philosophale, elle en a les qualités,
dans une certaine mesure, puisqu'elle est capable de : Cette caractéristique de fixité et d'incombustibilité,
dont la salamandre avait la réputation, est également commune
à la Pierre Philosophale, et constitue une qualité essentielle
à toute Pierre transmutatoire. Elle doit être acquise par le régime
du "feu microscopique" ou "feu corporel" qui trouve sa première
application dans la fabrication du verre d'antimoine, dont la relative fixité
au feu préfigure celle de la pierre de feu. C'est de ce verre qu'il faut
extraire la teinture qui constitue pour Basile Valentin, la très rouge
et véritable huile d'Antimoine. La première préparation de la Pierre de feu repose
sur l'extraction de l'huile rouge d'antimoine à partir du verre, lui-même
obtenu par calcination du minerai d'antimoine. Ce verre d'antimoine doit être
élaboré à l'aide de salpêtre, et c'est là
une particularité. Il faut veiller durant cette opération à bien
conduire le "régime du feu" afin que la matière ne s'embrase
pas durant l'opération de calcination. En outre, celle-ci aura été
poussée suffisamment loin, pour que l'introduction de la matière
calcinée dans le creuset ne s'accompagne pas d'une détonation,
telle qu'elle se produit habituellement lorsque l'on cherche à obtenir
de l'antimoine diaphorétique à partir d'un mélange de sulfure
et de nitre. Pour tirer la teinture de ce verre, il est nécessaire de
recourir au vinaigre distillé tiré de la propre minière
de l'antimoine. Le charitable bénédictin nous en indique le procédé
de fabrication au chapitre XXXII sous l'intitulé : "De la préparation
du vinaigre philosophique". Le procédé repose sur la mise
en "putréfaction" du minerai d'antimoine dans de l'eau de pluie
distillée. Il faut veiller à luter soigneusement le matras dans
lequel s'effectue la philosophique putréfaction. Si Basile Valentin recommande
de remplir le matras qu'à moitié, nous suggérons de le
remplir jusqu'au goulot, afin de diminuer le contact de l'eau avec l'air, dont
l'action oxydante pourrait s'avérer contraire au résultat recherché.
Kerkring propose les proportions suivantes de 6 livres d'antimoine pour 14 livres
d'eau. La distillation s'opère après 2 semaines de maturation.
Il faut veiller, comme le dit Kerkring, à ce que le bec du train de distillation
soit immergé dans l'eau du ballon réceptacle, afin que l'esprit
ne se volatilise pas. L'opération se termine par une augmentation du
feu et permet de recueillir un sublimé dans le chapiteau. Il faut alors
réitérer le processus, à partir du distillat, une deuxième
fois puis une troisième fois, en ayant pris la peine de réintégrer
dans celui-ci, les fèces et le sublimé précédemment
obtenu. Au terme de ce travail, l'artiste possède le vinaigre philosophique
idoine pour tirer la teinture du verre d'antimoine. Précisons que pour
un meilleur résultat, il importe de pulvériser le verre le plus
finement possible. Le temps nécessaire pour que la teinture acquière
toute sa maturité est de 2 semaines à l'étuve. Il faut
alors tirer le vinaigre par évaporation en ayant soin de ne pas brûler
la teinture qui n'est pas encore fixe. Basile Valentin recommande l'usage du
bain-marie. La poudre rouge ainsi séparée du vinaigre doit être
reprise par l'esprit de vin rectifié à la dernière perfection.
L'artiste possède dès ce stade une teinture "très
rouge et très utile à la médecine". L'opération qui suit, vise à accroître
la fixité du soufre de l'antimoine, fixité qui lui est conféré
par le sel. Au chapitre XX intitulé "D'une autre préparation
d'huile ou soufre d'antimoine comme aussi le véritable sel de ce précieux
métal", Basile Valentin nous donne le processus opératoire,
à peine voilé, sur lequel repose l'obtention du précieux
sel. Il importe tout d'abord de faire un régule avec le tartre et le
salpêtre. Nous renvoyons le lecteur à Glaser ou Lémery,
suffisamment explicites. Le procédé de fabrication du régule
d'antimoine non martial, ne présente aucune difficulté pour l'artiste
aguerri par le feu du fourneau. Il faut le réduire en une fine poudre
et le sublimer dans un vaisseau de verre ou de terre verni, en ayant soin de
faire retomber tous les jours le sublimé avec une plume, jusqu'à
ce que tout le régule ait acquis la fixité et la blancheur du
sel. Il faut mêler ce sel à la teinture dans les proportions de
quatre onces de celui-là pour deux livres de celle-ci. La cohobation
doit durer l'espace d'un mois et doit être suivie d'une séparation
de l'esprit de vin, par distillation, après filtration du produit de
cette intime "union chimique". L'huile rouge, ainsi extraite, est
enfin concentrée et ceci met fin à la première préparation
de la pierre. 2ème préparation : 2ème préparation : La deuxième préparation de la pierre de feu vise
à conférer au mercure de l'antimoine, les caractéristiques
du soufre incombustible de mars. Le moine alchimiste propose de recourir, pour
se faire, à l'huile rouge du vitriol de mars rectifié au dernier
point. Au sujet de cette huile, on peut lire dans l'excellent traité
de chymie de Christophe Glaser que le vitriol s'obtient à partir du vitriol
de mars, qu'il faut distiller dans une cornue de grés. Il importe tout
d'abord de donner un très petit feu durant dix ou douze heures, de façon
à faire sortir le phlegme du vitriol. Il faut alors augmenter la chaleur,
en veillant à ne pas trop pousser le feu de crainte de rompre le récipient
sous l'effet de la pression des gaz. L'augmentation du feu après une
douzaine d'heures, permet la distillation du vitriol sous forme de fumées
blanches qui se condensent en vitriol dans le récipient. Glaser suggère
d'interrompre la distillation
C'est en fait la queue de la distillation qui intéresse le moine alchimiste.
Mais Glaser nous parle ici du vitriol vulgaire et non du vitriol philosophique
qui seul est susceptible de rendre son office dans la deuxième partie
de l'œuvre. Si le lecteur désire en savoir davantage sur l'identité
de ce vitriol, nous l'engageons à se référer aux œuvres
de Tollius, disciple spirituel du moine alchimiste. Muni de cette précieuse
huile rouge, et du mercure vif de l'antimoine, signé du sceau royal,
l'artiste doit procéder à la conjonction des deux composés
puis obtenir un précipité rouge par distillation au feu de sable.
Si le pouvoir tinctorial de la pierre de feu, en devenir, repose sur les qualités
de ce précipité, encore immature, Basile Valentin nous fait la
confidance, non sans raison, que le produit de cette philosophique conjonction-distillation
revêt d'intéressantes applications pour le soin externe des plaies
et des ulcères.
3ème Préparation : La troisième et dernière préparation de
la pierre de feu achève le fastidieux travail entrepris en conjoignant,
à parties égales, le produit des deux précédentes
préparations. Il faut soumettre le mélange à cohobation
de façon à obtenir une union intime des deux composés,
puis terminer le travail par une concentration-évaporation de façon
à éliminer tout le phlegme. C'est seulement alors, que l'artiste
peu se réjouir de posséder la pierre de feu qui revêt les
caractéristiques d'une :
Celui-ci (le signe solaire) est caractérisé pas la couleur rouge
changeante : « Sa couleur est d’un rouge incarnat tirant
vers le cramoisi, ou couleur rubis allant vers la couleur du grenat ; quant
à son poids, elle pèse bien plus qu’on ne dirait d’après
sa couleur. » (Basile
Valentin).
Elle aurait donc ressemblé à un corps cristallin, quoique sa pesanteur
la rapprochât typiquement des corps métalliques.
Pour évoquer son aspect, sa forme et son degré de fusibilité
Fulcanelli affirme : « Si l’on trouvait notre sujet
à son dernier stade de perfection, fait et composé par la nature,
il devrait être fusible comme la cire ou le beurre (64 degré) et
sa couleur rouge, son caractère diaphane et limpide devrait apparaître
extérieurement ; alors ce serait en effet notre pierre bénie. »
Fulcanelli ajoute : « A ces caractéristiques physiques,
la pierre unit de puissantes propriétés chimiques :
-La puissance de pénétration.
-La fixité absolue.
-L’inoxydabilité qui la rend du incalcinable, d’une extrême
résistance au feu et enfin un indifférence parfaite aux agents
chimiques.
et l'élixir de longue vie ...
La transmutation des métaux vils en ce métal plus parfait n’était
que l’une des vertus dont disposait l’Adepte en possession de la
Pierre Philosophale.
Réaction sur les animaux et végétaux : Dans sa forme
saline, elle accomplissait une variété d’usages spécifiques
dans les règnes animal et végétal ; à tous
les niveaux, elle constituait le Remède Universel capable de guérir
les maladies, de conserver la santé et de développer prodigieusement
la croissance des végétaux.
Réaction sur l’homme : En solution mélangée
à l’alcool, c’était la seule et véritable acqua
vitae, l’or potable, l’élixir de longue vie des alchimistes
orientaux.
Ainsi ce trouvait donc réunit, selon l’explication d’Eugène
Canseliet, les trois dons que portaient les Mages d’Orient au Sauveur :
Voici la Pierre qui offrait à l’Adepte le triple don, de l’or
– c'est-à-dire la richesse -, de l’encens – symbole
de la Sagesse Divine -, et de la myrrhe – substance qui, selon l’antique
tradition Egyptienne, accordait l’immortalité.
Le Grand Œuvre n’est pas uniquement une simple suite d’opérations ;
il permet au simple homme d’atteindre le rang de démiurge dans
son propre microcosme. Il fallait à l’homme s’emparer
d’une matière en soi chaotique, la purifier et la ranimer afin
de la rendre propre à s’imprégner ensuite de l’Esprit ;
il fallait séparer, distribuer et mettre en valeur les natures diverses
dont elle était formée, puis les conjuguer à nouveau en
unité harmonique, spiritualisation définitive qui muait (changeait)
la matière en la Pierre Philosophale.
Ainsi, considérant l’ensemble des activités qui entraient
sous cette appellation, il faut comprendre que Le Grand Œuvre désignait
comme son synonyme l’alchimie elle-même, exprimant son essence de
savoir sacré et symbolique, la logique qui établissait son art
en un système philosophique définitif.
Quels étaient donc les procédés précis mis en œuvre
par les alchimistes pour obtenir cet événement extraordinaire.
D’après les descriptions qui nous demeurent de leurs préparatifs
et de leurs travaux, il faudrait rendre compte d’une multiplicité
d’approches opératoires.
Bien que l’enchaînement des procèdes de la réalisation
du Grand Œuvre était constant, différentes manières
se proposaient pour l’action :
Certains alchimistes pratiquèrent et étudièrent longuement
la voie appelée « voie humide ». D’autres,
en grand nombre, avaient préféraient la « voie sèche ».
La voie humide : Nommée aussi manière longue en raison du
temps qu’elle réclamait, elle faisait mûrir l’ « œuf
philosophique », en une balle de verre cristallin bouchée
au moment propice. Cette méthode permettait de contrôler de vue
les diverses phases – et ainsi s’offrir à l’alchimiste
le spectacle de ce qu’il nommait la « queue de paon » :
le résultat concret, la répétition du changement chromatique
(virage de couleur), indiquant la réussite parfaite de la cuisson, de
l’amalgame philosophal, la véritable transformation de la matière.
La voie sèche : C’est la façon de procéder des
moins favorisés, on l’appelait aussi manière brève.
Ce qui la distinguait de la première c’était l’usage
du creuset. La méthode usitée (utilisé ou usuelle) s’inspirait
étroitement des techniques de l’art métallurgique et s’appuyait
essentiellement sur le principe de la fusion.
On a toujours pensé que le laboratoire de l’alchimiste contiendrait
des os, des crânes, des boites enfermant des homuncules, des toiles d’araignées,
de la poussière, de casiers d’où percent les yeux vitreux
d’étranges animaux empaillés représentant de puissances
mystérieuses… L’alchimiste, dans l’entendement de l’époque
et des ignorants, utiliserait des formules d’exorcisme.
Cet apparat fabuleux restera un patrimoine des fictions littéraires.
Certes il ne consacrait pas son temps aux pratiques de dévotion, mais
il adorait le divin en adorant la matière crée en la travaillant.
(Sa vocation était de spiritualiser la matière).
Ainsi, dans toute son essence, l’activité du laboratoire était
une véritable prière, au contact de la divinité, et cette
certitude guidait le philosophe dans ses pas les plus infimes.
Ajoutons encore, selon la recommandation des Maîtres, la bibliothèque,
plus ou moins bien formée.
Pour compléter cette liste sommaire, un mortier, des pots et des cassandres
en céramique, quelques appareils distillatoires et de filtrage, des réchauds
qui tiennent la chaleur à différents degrés, quelques bocaux
destinés à contenir et conserver les substances, et, en fin, l’athanor.
Un local aéré, uminacule, remis dans une situation propice pour
attirer les fluides vitraux de la Nature, ses pollutions spirituelles, et le
rayonnement cosmique projeté sur cette Terre par le Soleil et la Lune ;
voici donc la saucta sanctorum des alchimistes.
Les phases expérimentales du Grand-Oeuvre:
A quel moment recommandaient-ils qu’on débutât ces travaux
et quand ceux-ci s’achevaient-ils ?
Dans quel nombre exact fallait-il répéter les opérations
nécessaires selon Ruscepissa, « la matière de la pierre
est une chose de peu de prix, que l’on peut trouver partout… »,
Moriens, lui, fait écho, affirmant que : « Unique est
la matière et en tout lieu les riches et les pauvres la possèdent ;
Elle est inconnue de tous, elle est devant les yeux de tous ; elle est
méprisée du vulgaire qui la vend à peu près comme
de la boue, mais le philosophe qui la comprend la tient pour précieuse »
Ces indications nous éclairent plutôt son aspect spirituel ;
il semble d’autre part presque certain que les travaux des alchimistes
employaient toujours un corps unique, d’origine certainement minérale.
Fulcanelli parait le confirmer : « Bien qu’entièrement
volatile, ce mercure primitif, matérialisée par l’action
desséchante du soufre a l’arsenic, prend l’aspect d’une
masse solide, noire, dense, fibreuse, fragile et fiable que sa pauvre utilité
rend vile, abjecte et méprisable aux yeux des hommes. »
Les nombreuses références au plan astrologique favorable indiquent
que l’équinoxe de Printemps était la période canonique.
Dans cette ambition de l’œuvre suivant la nature, quelle période
pourrait se montrer plus propice, en effet, que celle établie depuis
toujours par le créateur lui-même pour voir renaître la terre ?
Par analogie, la conclusion des opérations était attendue a la
saison estivale, quand tous les fruits parvenaient à leur maturité.
Dans ces lignes générales, le Grand Œuvre était clairement
divisé en trois phases ou Œuvres distinctes, qui avaient pour fonction
de produire –usant du sel- d’abord le principe mercuriel, puis celui
du soufre.
Apres leur réunion, ils restaient à opérer la ‘grande
coction’ ou cuisson –et de là on obtenait enfin la Pierre.
A l’intérieur des phases, toutefois, les procédés
employés ont varié d’un auteur à l’autre, selon
sa connaissance du patrimoine symbolique.
1.Réduction des substances à leurs « Première
Matière »
2.Extraction du soufre et du mercure
3.Purification du soufre obtenu jusqu’à ce qu’il paraisse
comme l’or et l’argent.
4.Préparation de l’ « élixir blanc »
5.Travail de l’élixir blanc jusqu’à sa transformation
en « élixir rouge ».
1.Décompression
2.Lavage
3.Réduction
4.Fixation.
Le témoignage de Causelist est donc précieux : il affirme
qu’il faut compter 9 sublimations ou « aigles »
dans le Second Œuvre, et que la « grande coction »
est achevée en une semaine, au terme de laquelle les gammes musicales
et climatiques révéleront à l’artiste béni
sa réussite, la naissance de la Pierre –l’événement
de la conjonction pour faire dans le four et dans son esprit.
Il a dit : " De quelque façon qu'on traite le mercure vulgaire,
on n'en fera jamais le mercure philosophique ".
Si ton âme est d'un rustre, c'est en vain que tu prétends au Magistère.
As-tu déjà senti la nécessité de t'élever
vers le ciel, de sortir de ta gangue, de briser ta chrysalide ?
Si tu ne possèdes pas ce levain, ce ferment d'élection, sois persuadé
qu'il est inutile de rien entreprendre.
Si tu es d'argile, tu resteras d'argile. Si tu as placé ton idéal
dans la fange, tu ne peux songer à la sublimation, à la transmutation
définitive, à l'égression de la géhenne terrestre.
Homme vulgaire, tu ne deviendras jamais un Sapient.
Il est une alchimie transcendantale, c'est l'alchimie de soi-même. Elle
est préalablement nécessaire pour parfaire l'alchimie des éléments.
La noblesse de l'oeuvre requiert la noblesse de l'oeuvrant.
Construis l'athanor ; prépare l'oeuf philosophique ; dispose
l'aludel ; sépare le subtil de l'épais ; recueille les
larmes de l'aigle et le sang du lion ; fais que ce qui est occulte devienne
manifeste ; ce sont les préliminaires de l'Œuvre sans lesquels
tu ne peux réussir.
La transmutation doit s'opérer en ton âme. La Pierre, dans son
état définitif, c'est l'Absolu lui-même ; le dissolvant
purificatoire, ce sont les formules de beauté et de perfection dont tu
orneras ta vie.
Le Magistère est Soufre, Sel et Mercure ; ainsi ton âme sublimée
qui est le véritable Mercure des Philosophes, s'unira au Soufre de l'amour
divin, par le Sel de la mortification et des épreuves.
Coordonne donc toutes tes actions et toutes tes impressions afin d'en former
un ensemble harmonique parfait. Efforce-toi d'acquérir l'extrême
lucidité de ton entendement. Détourne-toi de ce qui salit la vue.
N'écoute pas ce qui pollue l'oreille. Exalte en toi le sentiment de la
personnalité, pour t'efforcer ensuite d'absorber celle-ci dans le sein
de l'Absolu.
Embrase ton âme du feu alchimique, du feu qui ne brûle pas. Je t'enseignerai
à le recueillir ; et il formera autour de toi un cercle protecteur,
qui t'isolera des Influences Mauvaises.
Garde-toi de vouloir goûter les fruits de la vie mystique, avant d'avoir
rien fait pour les posséder.
Ne dis pas - ô l'étrange paradoxe : - " La Voie est trop
aride, et pour triompher des difficultés de la Voie il faut être
un Saint ".
Mais au contraire les Saints ne sont devenus tels que parce qu'ils ont su d'abord
triompher de ces difficultés. Ils ont débuté comme toi,
dans le néant ; ils ont gravi comme toi l'échelle philosophique
en commençant par le premier degré.
Ne demande donc pas la foi pour pouvoir prier ensuite. Prie d'abord, et la foi
inondera ton âme.
Mais j'en ai assez dit pour que tu saches que tu dois désormais te former
un corps mystique, qui se substituera en tous tes actes à ton corps visible
pour employer utilement tes forces immatérielles. Et ainsi tu vivras
dans l'hyperphysique ; et c'est là la Voie.
Les nombres :
Nasher Blackside est un alchimiste contemporain et discret. Dans ce qui suit,
nous avons tenter de résumer sa théorie de l’alchimie et
son rapport avec les 3 premiers nombres qui sont à la base de toute expérience
alchimique, en choisissant quelques passages de son livre qualifié de
« courant souterrain » . Avec le règne animal,
l'alchimie devient thérapeutique, médecine, elle veut obtenir
la subtile quintessence des produits, leur véritable concentration vitale,
elle rêve de distribuer la Vie, d’enfanter Ï'homunule, prolonger
l'existence grâce à la Panacée ; avec le règne végétal,
elle devient agriculture, elle greffe, elle rêve de ressusciter, d'arriver,
à la palingénésie; avec le règne minéral,
elle devient chimie, elle rêve de transmuter les métaux et les
métalloïdes. Enfin, avec le règne divin, l'alchimie devient
herméneutique, elle enseigne à convertir le pain et le vin au
Corps et au Sang. (La vie devrait être présente dans le sacrifice
de la Messe : ce fut le Concile de Nicée qui décida de se contenter
du simulacre de la présence). On le voit, toujours l'alchimie s'occupe
de transvaser la Vie.
Le fondement des différentes lois alchimiques se réfère
obligatoirement au symbolisme des premiers nombres. Nous allons donc nous attacher
à examiner la symbolique hermétique des 3 premiers nombres constituant
le « décade pythagoricienne ».
Le nombre 1 exprime parfaitement « l’unité de la matière
», vérité dont l’université doutait encore
au début du siècle dernier et que, paradoxalement, les alchimistes
proclamaient au Moyen Age à la suite des assertions, vingt siècles
auparavant, d’Héraclite, de Leucippe et Démocrite. En effet,
dans le noyau atomique, le proton de charge positive est le constituant : «
la matière universelle » de tous les corps.
Le jeune est regretté. Albert poisson mentionnait en ses théories
et symboles des alchimistes : « A la base de la théorie hermétique,
on trouve un grande loi : l’unité de la matière. La matière
est une , mais elle peut prendre diverse formes et sous ces formes nouvelles
se combiner a elle-même et produire de nouveaux corps en indéfini.
Cette matière était encore appelée semence, chaos, substance
universelle. »
Sans entrer dans plus de détails, Basile Valentin pose en principe l’unité
de la matière. « Toutes choses viennent d’une même
semence, elles ont toutes été à l’origine enfanté
par la même mère. » ce principe etait mis en évidence
chez les alchimistes par l’allégorie du serpent Ouroboros se mordant
la queue qui entoure naturellement l’expression : « un, le tout
». Le nombre deux
Il exprime la dualité propre a toute manifestation. Les deux polarité
positive et négative, sont mis en relief par l’électricité.
Dans la structure même de l’atome, si le noyau contient un proton
de charge positive, les électrons qui gravite autour sont de charge négative.
C’est aussi le symbole du « yin-yang » de la tradition orientale
« l’œuf cosmique androgyne » Aucune valeur n’étant
parfaitement absolue, le masculin porte en lui le féminin, et inversement.
Les deux nature masculine et féminine, active et passive, positive et
négative, des semences propres au règne végétal
et animal se retrouve également au sein du règne minéral,
selon les alchimistes, reflétant parfaitement l’union soleil, lune,
de mars et venus Le nombre trois
Le chiffre 3 est un symbole majeur dans la plus part des régions du monde.
Pour s'en convaincre, il suffit de penser à la trinité chrétienne
- le père, le fils et le Saint-Esprit - , à la trimortie indoue
- Braman, Visnou, et Shiva - , la triade égyptien - Osiris, Isis et 0rus
-, aux trois joyaux du bouddhisme tibétain - le doudas, le dharma, et
le sangha - et à la triade taoïste - homme, terre et ciel. Ou comme
dirait Frater_Rosae_Crucis : « ou nifnif, nafnaf et noufnouf dans les
cochons de l'espace ».
La vénération, dont il a toujours fait l'objet, est sans liée
à sa valeur unificatrice. Le deux divise alors que le trois réunit.
Son expression géométrique, le triangle, démontre cette
propriété fondamentale. Le deux constituant la base du triangle,
s'associe à un troisième terme ; autrement dit, deux points séparés
dans l'espace se réunissent et se rassemblent en un troisième
point situé plus haut. Cela signifié la résolution des
opposés en un troisième terme.
Dans Timée de Platon nous pouvons lire: «Mais deux éléments
ne peuvent seuls former une composition qui soit belle, sans l'invention d'un
troisième; il faut en effet, entre les deux un lien qui les réunisse.
Or, de tous les liens, le plus beau, c'est celui qui impose à lui même
et aux éléments qu'il relie l'unité la plus complète...
, ils forment tous une unité.»
Dans ce même conteste chrétien, se distinguent l’esprit,
l’âme et le corps « spiritus anima corpus » dont la
répercussion sur le plan alchimique donnera respectivement naissance
au Mercure, Souffre, Sel. Ce sont ces trois principes de toutes choses appartenant
à chaque un des règne minéral, végétal, animal.
A leur sujet, Paracelse écrivait à juste raison en son paramirum
: C’est la vie en effet qu’on doit de ne pas voir ces principes.
"guérir non seulement les hommes, mais aussi les métaux de
quelques maladies particulières." La pierre de feu tire sa minière
de l'antimoine. Elle est à portée de l'alchimiste qui sait - pour
résumer brièvement le modus operandi - isoler les 3 principes
du minerai et les recombiner selon une juste proportion, après les avoir
auparavant purifiés et exalter par l'art :
" Je vous dis derechef que dans l'antimoine on trouve un mercure, un soufre,
et un sel qui sont les souverains médicaments de la santé des
hommes. Le mercure de l'antimoine consiste dans son régule ; le soufre
en sa rougeur, et son sel demeure dans la terre noire qu'on laisse. Et lorsqu'on
sait bien séparer ces trois choses l'une d'avec l'autre, et derechef
les unir ensemble selon les règles de l'Art et qu'on en peut faire une
fixation sans poison, celui-là se peut vanter avec honneur qu'il a trouvé
la Pierre de feu qui se fait de l'antimoine pour la santé des hommes."(1)La
teinture de la Pierre de feu n'a pas le "pouvoir tingent" universel
de la Pierre philosophale:
"laquelle (la pierre de feu) se prépare de l'essence du soleil,
et moins encore de toutes les autres pierres. Car la nature ne lui a pas donné
tant de vertu pour cet effet. Mais elle teint seulement en particulier, savoir
l'étain, le plomb et la lune, en soleil…Semblablement, dans son
augmentation et multiplication, la pierre de feu ne peut pas s'exalter plus
outre;"(2)La pierre de feu, nous dit le bénédictin est :
"une certaine essence pure, pénétrante, spirituelle et ignée,…comparable
à la salamandre (…) c'est une matière fixe, constante et
incombustible"(3)
Préparation de la Pierre de Feu.
Le modus operandi se divise en 3 parties. La première partie vise à
tirer les qualités tinctoriales du verre, sous la forme d'une essence
incombustible.
La deuxième partie a pour objet de faire de même à partir
du vitriol de mars.
La troisième partie, consiste à conjoindre le produit des deux
phases précédentes sous la forme, nous l'avons vu, d'une pierre
incombustible, au pouvoir de tingence réel mais limité.
1ère Préparation :
" lorsque les gouttes rouges commencent à paroistre,…ces gouttes
rouges en estant la partie la plus pesante & la plus caustique"
"très beau et très utile dans les maladies chroniques, plaies
et ulcères ouverts."
"poudre fixe, rouge, sèche, fusible, qui ne fume plus du tout."Si
cette poudre est revêtue d'un pouvoir transmutatoire, elle possède
également, selon Basile Valentin, d'intéressantes propriétés
médicinales, essentiellement dévolues au royal métalloïde
:
"Tu as une médecine pour les hommes et pour les métaux. Elle
est douce et agréable dans l'usage; elle est pénétrante;
elle corrige et chasse le mal, sans exciter le ventre. Uses-en comme il faut,
et elle te sera d'une très grande utilité tant pour la santé
que pour le nécessaire à la vie." Et Basile Valentin de préciser,
quant à la dose requise pour le traitement des maladies :
" Prenez garde que vous ne chargiez trop la nature, (…)Sachez que
trois ou quatre grains, à chaque dose prise dans l'esprit de vin, sont
suffisants pour chasser toutes les maladies."