//Homonculus L'Homoncule est l'être créé hors de
//Homonculus L'Homoncule est l'être créé hors de la
femme, un être de petite taille possédant les capacités
intellectuelles et physiologiques de l'être humain. Dans lequel un esprit
sera placé. On maintient dans un alambic que l'on scelle, une suffisante
quantité de sperma viri à la plus haute chaleur
d'un ventre de cheval, pendant quarante jours, ou aussi longtemps qu'il est
nécessaire pour qu'il commence à se mouvoir, ce qu'il est facile
de constater. Au bout de ce temps, il deviendra pareil à un homme, mais
cependant, translucide et sans consistance. Une histoire concernant la réalisation d'Homoncules
circule de notre temps. Il s'agit d'un comte Jean-Ferdinand Kueffestein, riche
seigneur autrichien. Je retranscrirai ici simplement la belle histoire que fut
celle du comte et de ses Homoncules, qu'a écrite Kammerer, témoin
de ces expériences dans son journal personnel qui fut re-publié
plus tard dans l'almanach "Le Sphinx". Les deux opérateurs en créèrent dix :
un Roi, une Reine, un Architecte, un Moine, une Nonne, un Séraphin, un
Chevalier, un Esprit Bleu et un Esprit Rouge. Il fallait faire grandir ces faibles choses et les amener à
leur plein développement. Pour cela, de nuit, on transporta les bocaux
au fond du jardin du couvent et on les enfouit dans un tas de fumier qu'on arrosa
d'une liqueur inconnue, douée de propriétés énergiques.
Sous l'action de cette liqueur, le fumier fermenta, ce qui sans doute impressionna
vivement les "Esprits" enterrés, car ils se mirent " à
crier et siffler furieusement ". Ils exigeaient d'ailleurs les plus grandes précautions
hygiéniques. Leur régime était très sévère
: on les nourrissait tous les trois jours d'un aliment mystérieux dont
la préparation demandait des soins diligents et qu'on faisait cuire au
bain-marie, dans une boite d'argent plongée dans l'eau bouillante d'une
cuvette n'ayant pas encore servi. Tous les Esprits possédaient le don de divination et
la connaissance des choses cachées, mais seul les Esprits Bleu et Rouge
(quand celui-ci était de bonne humeur) consentaient à renseigner
leurs créateurs sur des questions de tous genres. Les autres ne daignaient
répondre qu'aux demandes de renseignements se trouvant dans le cadre
de leur spécialité. Le Roi et la Reine parlaient gouvernement,
étiquette, diplomatie ; le chevalier, guerre et duel ; le Moine, questions
religieuses ; l'Architecte, constructions et plans. Le Roi, trompant cette surveillance, réussit un jour
à s'échapper de son bocal et à gagner le bocal de la reine.
Il fixait sur celle-ci des yeux enflammés par la luxure et essayait d'escalader
la paroi de verra quand le comte de Kueffstein intervint. Le roi se sauva, sauta
de meuble en meuble, tout en rugissant de colère. Capturé enfin,
il mordit au nez, d'une façon cruelle, le comte qui en garda fort longtemps
la marque. On l'enterra religieusement dans une boîte de carton
noir. L'histoire se termine ici, pour des raisons intimes que ne
révéla point le comte de Kueffstein, qui se résolut à
se débarrasser des Esprits qui lui restaient, nul ne sut ce qu'il fit. Pour certains ces homoncules n'étaient que des esprits
élémentaires, des larves, ayant pris temporairement pour domicile
une forme semi-humaine.
De nombreux alchimistes tels Paracelse et Albert le Grand se sont intéressés
à cette création, et sont d'ailleurs parvenus à des résultats
étonnants. Ils nous ont d'ailleurs laissé des écrits sur
une telle réalisation. Paracelse nous donne la technique suivante :
L'histoire se déroule au XVIIIème siècle en Calabre où
le comte, assisté de l'Abbé Géloni, tente de créer
des hommes artificiellement.
Kammerer nous raconte :
"Ils restent cinq semaines dans le laboratoire d'un couvent de Carmélites,
se relayant pour surveiller avec vigilance, nuit et jour, le fourneau allumé,
où bouillonne la mixture qui doit susciter la vie..
Chacune de ces petites créatures fut, aussitôt sa venue au monde,
placée dans un bocal plein d'eau bénite et soigneusement bouché
d'une vessie mouillée afin d'empêcher toute évacuation.
Puis l'abbé Géloni donna solennellement sa bénédiction
aux nouveaux petits mortels, lesquels, moins longs que la main, d'après
Kammerer, ressemblaient plus à des goujons qu'à quoi que ce fut
d'autre.
Cette incubation dura quatre semaines. Après quoi, le comte l'abbé
et le domestique se rendirent en pompe au fond du jardin. L'abbé, qui
était revêtu de ses ornements sacerdotaux, célébra
une cérémonie religieuse ; le comte chanta des psaumes ; Kammerer
encensa le fumier. On déterra les goujons. Ils avaient grandi notablement.
On les rapporta dans le laboratoire et on les mit au bain, dans du sable chaud,
où on les laissa se reposer, dans l'ombre et le silence, pendant trois
jours." Au bout de ce temps, Kammerer les revit. Il fut stupéfait
du changement qui s'était opéré en eux. Ils semblaient
parvenus à l'âge adulte ; les hommes avaient des barbes, les dames
étaient parfaitement belles. On les habilla par les soins de l'abbé
Géloni ; le Roi eut un sceptre et une couronne, la Reine un diadème,
le Chevalier une épée, l'Architecte un compas.
L'abbé Géloni, plein de sollicitude et de tendresse, les para
de son mieux et leur coupa les cheveux, ce dont s'irrita grandement le petit
moine qui le mordit à la main. Presque tous les "Esprits" du
reste manifestaient un détestable caractère et passaient leur
temps à se quereller entre eux. En outre, ils ne songeaient qu'à
s'évader de leurs bocaux et il fallait sans cesse, non seulement vérifier
avec soin les vessies de clôture, mais encore réfréner les
tendances à la rébellion des petits enfermés en leur récitant
des exorcismes".
Cette alimentation frugale ne contentait pas "l'Esprit Rouge". Celui-ci
sans cesse en courroux, semblait à Kammerer un diable incarné.
Il tirait la langue d'une façon frénétique et criait à
tue-tête pour avoir du sang frais !
"L'esprit Bleu" par contre était la meilleure des petites créatures.
De caractère doux et bénin, il se montrait reconnaissant des attentions
qu'on avait pour lui, répondait aimablement quand on lui parlait et attendrissait
jusqu'aux larmes Kammerer par la mansuétude empreinte sur ses traits
délicats. Il ne mangeait rien et pouvait à son gré se colorer
en bleu céleste l'eau de son bocal.
Kueffstein cependant étant fier de ses "enfants" les emmena
à Vienne où il les exhiba aux initiés de la Grande Loge.
Ils eurent le plus vif succès et émerveillèrent le monde
par leur don de voyance. Cependant les Esprits, en vieillissant, devenaient
de plus en plus acariâtres. Ils terrifiaient l'infortuné Kammerer
au point que celui-ci n'osait plus loger auprès d'eux. Ils se livraient
à son égard aux plus injurieuses facéties et le soin de
leur surveillance ne lui laissait pas un moment de repos.
Le Moine peu après cet incident mourut : Kueffstein ayant par maladresse
jeté son bocal par terre qui se brisa en morceaux. L'Esprit grièvement
blessé trépassa, tout en "roulant d'une manière affreuse
ses petits yeux.
Le comte pleura beaucoup et se décida à remplacer le défunt
par un Amiral. Cette tentative échoua malgré un labeur acharné.
Après de longues semaines, les opérateurs n'obtinrent qu'une misérable
petite sangsue qui creva dans des convulsions."